Comment se préparer à l’enfermement ?

Le quotidien est cloisonné,
la lumière artificielle,
les situations insidieuses peuvent déraper à tout moment.

L'agressivité est latente, les bruits incessants :
les coups rageurs sur les portes au vacarme des coursives.

L’ennui suinte dans ce monde codifié.

La promiscuité et la surpopulation exacerbent la violence.

La surveillance est permanente :
vision omnisciente,
tour des œilletons pour prévenir les suicides,
caméras thermiques pour déjouer les feux.

Les tensions sont continues,
trafics, rackets et pressions impliquent d’être sur le qui-vive.

Alors pourquoi fait-on ce choix d’embrasser l’univers de la Pénitentiaire ?

Peut-être pour la part d’humanité que cela implique :
essayer d’améliorer le quotidien de ces détenus écartés de la société des années durant derrière des barreaux,
avec pour seul horizon la réinsertion et des rêves auxquels se raccrocher.
Dans un univers professionnel marqué par une hyper-masculinité, ces futures surveillantes de prisons des promotions 214 et 215 de l’ENAP (Ecole nationale d'Administration Pénitentiaire) à Agen se confient en aparté. Elles livrent leur appétence pour ce métier et les motivations qui les animent.
La dignité de ces êtres humains privés de liberté ainsi que leur réinsertion est au cœur de ce qu'elles estiment être leurs missions essentielles : 
"Ce qu'on fait à l'intérieur peut faire changer les choses à l’extérieur. Et puis c'est pas des chiens!" juge l'une d'entre-elles qui explique que la place montante des femmes surveillantes en milieu carcéral a fait baisser les violences au nom de leurs qualités d'écoute, du sens de la psychologie, d'une forme d'autorité naturelle et du respect mutuel quand elles intègrent les détentions hommes. 
"Il faut rester carré, ne pas mettre un pied dans la corruption, avoir du caractère et savoir dire non, car cela peut vite être l'engrenage. Tu peux te faire piéger". 
Celles qui ont été en stage ont pu constater que les quartiers femmes surveillés exclusivement par des femmes, étaient a contrario "bien plus durs" à gérer. 
"La détention fait toujours peur, mais on y est plus protégées qu'à l'extérieur, même si c'est un autre monde".
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